Smaïl Kanouté : Le corps comme langage universel

24 Nov 2021

Au Carreau du Temple, Moovance a rencontré Smaïl Kanouté pour une création unique en plan séquence sur une musique originale de Leon Afterbeat. Cet artiste pluridisciplinaire, qui se définit comme « chorégraphiste », fusionne danse et arts graphiques dans des créations engagées.

Une signature unique

Danseur, chorégraphe, graphiste et sérigraphe, Smaïl Kanouté développe depuis 2014 un langage artistique qui lui est propre. Dans chacune de ses créations, les mouvements du corps dialoguent avec l’univers graphique, créant des œuvres où la danse devient motif visuel.

Un engagement à travers l’art

À travers sa nouvelle création « Never Twenty One », présentée au Festival Kalypso, Smaïl Kanouté aborde les violences liées aux armes à feu dans trois villes emblématiques : le Bronx, Rio et Soweto. Un hommage vibrant à une jeunesse qui, face au danger, trouve dans la danse et la musique un moyen d’exister.

Rencontre avec Smaïl Kanouté

Artiste aux multiples facettes, Smaïl Kanouté nous livre un témoignage touchant sur son rapport à la danse, qui l’a aidé à transcender son bégaiement et à trouver sa voix. De sa formation autodidacte à ses créations engagées, en passant par son concept de « chorégraphiste », il nous dévoile un parcours riche où la danse devient un véritable langage universel.

« La danse m’a permis de comprendre mon bégaiement. Ce bégaiement me renfermait et la danse m’a aidé à m’ouvrir et aussi à m’assumer. Du coup, je remercie la danse ! »

Découvrez l’interview de Smaïl Kanouté

Je m’appelle Smaïl Kanouté, j’ai 35 ans et je suis chorégraphe et danseur, et aussi graphiste et sérigraphe. Je viens du monde des arts graphiques et j’ai mélangé la danse et les arts graphiques depuis 2014. J’expérimente des performances en vidéo et aussi sur scène, et aussi des sortes de documentaires hybrides entre la danse et les arts visuels.

Comment définirais-tu ton style ?

Je me définis en tant que chorégraphiste parce que quand je crée une chorégraphie, je l’associe toujours à un univers graphique. Mon style, on va dire qu’il est graphique et aussi intuitif.

Que représente la danse pour toi ?

Pour moi, la danse c’est le moment où je suis le plus vivant. Ça me permet à la fois d’apprendre à me connaître en allant chercher des mouvements, en allant aussi m’intéresser à différentes danses. Ça me permet aussi de rencontrer des gens, de rencontrer des univers. Et vu que je suis bègue de base, la danse m’a servi à communiquer avec les gens et aussi à rechercher mon identité que je vois se créer de jour en jour.

Quelles sont tes sources d’inspiration ?

J’ai été biberonné par le Club Dorothée. Les mangas m’ont inspiré de manière graphique parce que je trouve que c’est un art où les Japonais ont réussi à mélanger différentes cultures pour en faire des nouveaux imaginaires. L’art abstrait aussi m’inspire : Klimt, Kandinsky, Basquiat, Philippe Baudelocque. La mode m’intéresse beaucoup parce que pour moi, une danse est un motif. Quand je crée une danse, je pense à des motifs que je vais répéter, modifier et faire évoluer au travers du temps et à travers l’espace.

Ton parcours, il ressemble à quoi ?

J’ai appris la danse en rencontrant des gens. Je n’ai jamais pris de cours de danse et j’ai vraiment appris à danser dans la rue. J’ai commencé tout petit dans la cour de mon immeuble, puis au collège dans les boums qui étaient mes salles d’entraînement. J’ai voyagé au Brésil, au Sri Lanka, au Japon, à New York, échangeant des styles dans les soirées. En parallèle, j’ai découvert l’art thérapie en aidant des enfants touchés par le tsunami. En 2014, j’ai intégré la compagnie de Radhouane El Meddeb, et en 2007, j’ai créé ma propre compagnie.

Peux-tu nous en dire plus sur Never Twenty One ?

À Kalypso, je présente « Never Twenty One », un trio avec Goku et Aston Bonaparte. C’est un spectacle sur les violences liées aux armes à feu dans le Bronx, à Rio et à Soweto. Cette pièce rend hommage à la jeunesse qui meurt avant 21 ans dans ces quartiers, là même où naissent de nouvelles danses comme le baile funk, le pasillo, le krump, le pantsula. Ces jeunes, toujours en danger, créent leur existence à travers la danse et la musique.

Quel est ton meilleur souvenir lié à la danse ?

L’un des meilleurs souvenirs en danse, c’est quand on a dansé au Panthéon avec la pièce « Heroes » de Radhouane El Meddeb. Nous avons été les premiers danseurs à nous produire là, parmi les tombeaux de Victor Hugo, Rousseau, Voltaire, Aimé Césaire, Alexandre Dumas. L’énergie était incroyable !

En quoi la danse chante-t-elle le monde ?

Pour moi, la danse change le monde parce qu’elle permet aux gens de se reconnecter avec le corps. Le premier langage, ce n’est pas les mots, c’est le corps. C’est un langage universel qui touche à l’intime, permettant de faire réfléchir les gens par eux-mêmes par rapport à ce qu’ils ressentent.

Quels sont tes projets futurs ?

Après « Never Twenty One » à Kalypso, je prépare le second volet d’un triptyque pour l’automne 2022, sur le samouraï africain Yasuke Kurosan, avec six autres interprètes. Ce sera la suite de ce voyage à travers les époques.

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