Après leur résidence à La Place, nous retrouvé Les GAMAL pour une session plus intime avec Moovance, enrichie d’une création vidéo danse sur une composition originale de Leon Afterbeat.
À travers une conversation à cœur ouvert, Emerick et Loïck Gene nous dévoilent les multiples facettes de leur identité artistique. De leur timidité initiale à leur révélation par la danse, les jumeaux partagent avec authenticité leur parcours unique dans le hip-hop. Leur « Gamal’ Style » s’inspire d’un éventail impressionnant d’influences : des figures du hip-hop comme Fabbrezy, Dedson et Rubix, à des sources plus inattendues comme les mangas, l’architecture urbaine, ou simplement l’observation de la vie quotidienne.
Cette nouvelle rencontre nous permet de plonger plus profondément dans l’univers de ces deux frères qui, malgré leurs différences – « une brique et un ballon » comme ils se définissent avec humour – ont su créer une symbiose artistique unique, illustrée dans leur première création « Flux sanguin, le pouvoir de la fraternité ».
Rencontre avec Les Gamal
Alors, ici on a Emerick, jeune, 27 ans, des Antilles, Guadeloupe, Martinique, représente la Timalerie et aussi le duo Les Gamal avec my brother. Du coup, moi c’est Loïck Gene. C’est la même chose, sauf que tu rajoutes Loïck. Tu remplaces Emercik avec Loïck.
« Si tu n’as pas confiance en toi, aie au moins confiance en la personne qui croit en toi. Il y a toujours une personne qui croit en toi donc si tu crois pas en toi au moins crois en cette personne. «
Comment décririez-vous votre style de danse ?
Alors, notre style de danse est beaucoup plus basé sur du hip hop, qu’on appelle hip hop new style. C’est un peu du hip hop debout un peu mélangé avec notre style, notre feeling. On a énormément fait de… Beaucoup de styles de danse comme le modern jazz, claquettes, locking, break… Tout ce qu’il y a dans le hip hop, on a fait déja. Mais à côté du hip hop, effectivement on a pratiqué deux ans de modern jazz, claquettes, plein d’autres styles de danse… – Ouais, beaucoup. Même des danses de salon… Et du coup, je pense qu’on a tellement une grosse passion pour la danse qu’on s’est inspirés de tout et on a fait un mélange un peu de chaque sensibilité.
Du coup, ça a créé le Gamal Style.
Que représente la danse pour vous ?
La danse, pour nous c’est… – On en parlait en plus il n’y a pas longtemps ! – Ouais on en parlait. La danse pour moi c’est moi, c’est clairement moi. La danse c’est mon identité, ce qui me permet entre guillemets d’exister, puisque en fait j’étais très timide quand j’étais plus jeune et c’est vrai que, grâce à la danse j’ai réussi à beaucoup mieux m’exprimer, beaucoup plus m’exprimer. C’est-à-dire qu’on était des élèves avec des difficultés au niveau de l’écriture, de l’expression, etc. Et du coup au niveau de la danse j’ai vraiment retrouvé mes repères, où je pouvais enfin m’exprimer.
Alors moi je n’étais pas du tout timide, j’étais le contraire. Lui était hyper timide, moi j’étais hyper chiant ! Mais vraiment, tu vois le petit garçon qui court partout là, qui veut embêter tout le monde, c’était moi. Et le petit garçon qui était dans son coin, qui parle pas, c’était lui, tu vois.
Vraiment j’étais hyper chiant donc du coup j’ai pas eu de difficultés en étant jeune a trouver ma place on va dire, parce que je tchatchais avec tout le monde, mais la danse a été pour moi on va dire une révélation, mais une révélation dont on m’avait longtemps privé.
Ça avait déjà été une révélation. Même quand j’avais vu à la télé, ou dans la street et tout. Mais le fait de l’avoir pratiqué, au final ça a été vraiment après, je dirais pas une libération parce qu’au tout début c’était vraiment dur pour nous, mais un challenge de vie, tu vois. Un vrai challenge qu’au final on a su supporter et on est encore dedans.
Ça change quoi de danser en duo avec son jumeau ?
Alors, qu’est ce que ça fait de danser avec le frérot ? Pour moi… Qu’est ce que ça te fait Lolo ? – C’est comme si t’étais en train de me dire « Ça fait quoi d’être jumeaux ? » On peut nous dire : ça fait quoi quand tu danses pas avec ton frère ? Là, je peux te dire ce que ça me fait quand je ne danse pas avec mon frère. Écoutes, je me retrouve, j’ai pas le regard de mon frère, j’ai pas ses exigences, donc il faut que je retrouve une exigence envers moi-même. Alors que quand tu me dis : qu’est-ce que ça fait de danser avec mon frère ? Je saurai pas trop te dire, mais par contre je pense qu’on peut quand même avoir un minimum d’analyse. C’est vrai que par exemple, quand lui il est super motivé, super déterminé et que moi c’est un peu l’inverse, je suis un peu moins motivés, lui le fait qu’ils sont motivé ça va me motiver.
Et dans l’état inverse aussi. On n’est jamais émotionnellement parlant dans la même motivation souvent. C’est un peu rare, mais quand on est dans la même motivation en même temps, c’est fini ! Les gens ils ont ont peur, c’est fini ça. On se rend compte en fait, qu’on est souvent coachés au final. On s’auto-coach à chaque fois. C’est-à-dire que si je fais une performance, même si je danse tout seul il pourra me dire : « Ouais, là t’étais moins bon » ou « fais ça mieux », « ah, oui c’est bien là ». Je vais plus trouver une validation ou même un retour de sa part plus facilement.
Alors que quand je ne suis pas avec lui, on n’a personne pour… On va dire entre guillemets, il est pas là pour me guider ou même valider ce que j’ai fait. Donc du coup, je dois m’auto-valider ou, en fait, juste être sur mon moment et ne pas chercher de retours.
Quelle est la qualité de l’autre ?
Woaw ! Mais il a beaucoup de qualités Loïck ! Je sais pas quoi dire. T’as quoi comme qualités ? En tant que danseur ou de personne tu parles là ? Euh… On va dire en tant que personne déjà. Sa qualité à lui, moi je trouve que c’est un gars qui est clair dans ce qu’il veut. Il est grave visionnaire et quand il a une idée en tête, on peut plus l’arrêter. Grâce à cette qualité ça me permet de rester fort. Tu vois, ça me permet de me dire « OK, Loïck il a raison, vas-y ! ». Et même moi je m’inspire de ça. Même moi, il m’inspire là-dessus dans cette qualité. Et en tant que danseur, je pense que ça se rejoint. En tant que danseur, on revoit cet homme qui a cette assurance, cet homme qui dit « voilà, je suis là pour tout défoncer, mais en même temps pour montrer que j’existe. Je suis là. Regarde-moi. » Pour pousser dans la technique, on va dire que ce sont ses constructions, sa story, son sol… Il a des postures incroyables. Et il a un groove des fois ! Ha terrible ! – T’es con !
Voilà je t’ai saucé, sauces moi maintenant.
Du coup, ta qualité frérot… Bon t’en as aussi beaucoup, mais si je dois parler humainement pour l’instant, je dirais qu’il est beaucoup plus… Il est beaucoup plus lucide par moment, on va dire. Il va être beaucoup plus à l’écoute, vraiment. Il aura une ouverture, il ne va pas se renfermer sur ses idées. Il va essayer d’écouter tout le monde, de comprendre tout le monde. Il a une forte capacité à se mettre à la place des autres. Ce qui n’est pas du tout mon cas, alors là ! Comme je l’ai dit, Loïck c’est : sa direction ! Et, au niveau de la danse, pour moi pareil. Au niveau de la danse, tu vois que dans sa danse il a cette patience. Il a ce côté où il prend son temps. Même, on dit souvent, des fois quand on voit Emerick, on lui dit « p*tain, tu danses comme un ancien. » dans le sens où il a une maturité dans son corps. Quand on était en cours, quand on apprenait nos cours, moi j’avais un truc, j’avais déjà le step, mais je voulais passer à autre chose. Ou sinon je voulais tout mettre ça à ma sauce. Alors qu’Emerick, lui il prenait vraiment le temps de bien l’avoir, de bien le travailler, de biens l’assimiler. Et on m’a souvent fait cette remarque : « Prends le temps, tu veux trop mettre ton style, retient ton style, mets d’abord cette base. » Alors que lui il a su le faire plus facilement. – Mais c’est une qualité aussi parce que… Non mais pour toi. – Ha tu parles de moi ? OK. Ce qui fait que ça t’as aussi permis d’avoir ton flow… – Hé ! Hé ! On parle de TA qualité, OK ? – Ok, pardon, pardon !
C’est super important, j’aime bien cette interview parce qu’on n’a pas l’habitude de se saucer comme ça.
Et le défaut ?
Ses qualités font aussi des fois ces défauts. C‘est à dire, son côté où il est sûr de lui, où il sait quoi faire, ça fait que des fois il reste que bloquer là dessus. Il reste que focus sur ça et des fois c’est… Loïck, commence pas ! Des fois ça peut être difficile d’apporter son point de vue ou d’apporter une autre direction et tout ça. Mais c’est pas grave parce que c’est comme ça qu’il est et comme je l’ai dit, c’est aussi une qualité. Des fois, il y a des moments où je dis « Bon Loïck, vas-y laisse tomber. On passe à autre chose. » Lui il va me dire « Non, frère. On reste focus sur ce qu’on a dit frère. On reste focus. » Je dis OK. Et finalement quand on reste focus : terrible. Ça se passe très bien, je me dis « Lourd. » Et aussi il a une capacité d’analyse qui est forte aussi. Et dans sa danse, son défaut. Alors si, un défaut qu’il a déjà corrigé, qu’il commence à corriger c’est le fait que, encore une fois ça fait partie de son tempérament : assez fermé dans sa danse. À l’époque il dansait assez fermé, son buste il était assez carré, enfin c’était assez petit ou bien tous ses mouvements étaient carrés, ça manquait de fluidité. Et du coup, c’est des trucs qu’il a corrigé. Et ça se voit même aussi dans son tempérament, il commence à être un peu plus flexible à être un peu plus à l’écoute aussi. On progresse !
La danse nous fait progresser, voilà.
Attends, j’ai pas dit ! T’allais passer à une autre question, parce qu’il faut que je l’attaque lui aussi tu vois. C’est des fois, lui… Oh frère je suis désolé ! Parfois, lui, pour moi, c’est qu’il se pose trop de questions… Il est là, il se pose trop de questions, il se remet trop en question. Je le dis devant vous : tu te remets trop en question. Parfois, il n’y a pas besoin frère. En fait, je crois qu’à nous deux on est le juste milieu. Il nous faudrait un troisième Gamal. Ce troisième Gamal, il serait vraiment incroyable ! – Ouais, un vrai troisième, je pense aussi ! Parce qu’il aurait mon aspect et son aspect. Parce que effectivement, peut-être que des fois je suis un peu trop dans ma bulle, mais lui il va trop s’occuper du regard des autres, beaucoup trop s’occuper de l’avis des autres. Beaucoup trop se poser de questions et ça peut le freiner. Des fois ça ne freine pas, des fois ça nous sauve même, c’est vrai que c’est bien d’avoir l’écoute, tu vois. – Comment il parle de moi, c’est comme si j’ai pas d’écoute, alors que j’ai de l’écoute. – J’ai dit à la fin que t’avais de l’écoute. – J’ai de l’écoute. Oui mais t’as dit par rapport à la progression. – Alors que j’ai de l’écoute de base, tu vois. – C’est vrai. On va pas se disputer hein ! – De base j’ai de l’écoute, mais c’est vrai qu’il faut savoir tempérer les deux en fait. Et des fois, je le prends, je le secoue, je lui dis « hé mais arrêtes tes bêtises frère. » Je penses que Loïck c’est une brique, moi je suis un ballon, voilà. – Comment ça « je suis une brique » ? – Je rigole ! – En gros, t’es carré et moi je suis rond. – J’ai compris ! – Et le rond peut être sur le carré, le carré peut rentrer dans le rond. – Enfin, en gros, voilà. Juste debout ! Le logo… Enfin bref, bon, voilà ! – En fait, tu vois, c’est le rond et t’as le carré au milieu. – Mais oui ! – Mais tu peux faire aussi l’inverse. Avoir le carré et le rond, c’est ce qu’il a voulu dire. – Voilà !
Quelles sont vos inspirations ?
Ce qui m’inspire, c’est beaucoup les mangas, déjà. Mais, c’est plus les mangas avec beaucoup de détermination comme Naruto, My Hero Academia, Food Wars!. Tous ces mangas là. En fait, je m’y reconnais parce qu’ils ont tous un objectif et ils se battent pour cet objectif. Ils veulent tous être le meilleur et on montre à quel point ils galèrent. Et ça, j’aime beaucoup ce genre d’animé, de manga, tout simplement. Et c’est pareil pour les films vrais. Enfin, il y a des films vrais qui me touchent énormément, comme Invincible. Pareil, c’est ce côté où ils galèrent et ils lâchent rien. Ils sont même au bout du gouffre mais ils lâchent pas. Tous ces trucs un peu où ça parle sur le mental, même les sportifs. Quand je regarde des sportifs, même la natation synchronisée. Quand je regarde la natation synchronisée je suis là « Woaw ! » . ils sont synchronisés, c’est incroyable. Mais comment ils font ? Même les sports, j’aime beaucoup regarder des sports. Pas parce que je kiffe spécialement, mais c’est parce que je suis fasciné de voir leurs entraînements, je suis fasciné de voir à quel point ça paye. Moi, il y’a un truc qui me parle beaucoup, c’est… Ce qui me fascine c’est l’évolution. L’évolution me fascine. Tu passes d’hier, d’un mec qui était vraiment pourri, à aujourd’hui un mec qui est hyper bon. Et encore, demain il sera encore meilleur. Moi, ça me fascine. Je deviens philosophe en disant ça, mais ça me fascine de ouf, tu vois.
Sinon en termes de danseurs, il y a beaucoup de danseurs qui m’ont inspirés aussi. Les Icee, les Fabbreezy, les Kefton, les Rubix même dans leurs caractères. Je pense que dans la danse il y aura beaucoup d’aspects qui vont m’inspirer. Mais quand je suis dans un milieu d’entraînement intensif, je vais regarder peut-être un manga ou des films vrais. Moi, ce qui va m’inspirer dans la vie de tous les jours depuis que je suis tout petit, c’est tout. Tout m’inspire. Déjà, comme je l’ai dit, j’étais très timide quand j’étais petit, du coup j’étais super observateur. Et déjà, l’être humain m’inspire. La vie m’inspire. Les bâtiments m’inspirent, leur architecte m’inspire, la nature, les animaux… Enfin, il y a beaucoup de choses qui m’inspirent. Et je prends grave le temps… – Tu l’inspire. – Ouais, il m’inspire aussi ! – Non, toi, elle.
Et tu m’inspire, vous m’inspirez moovance, mais vraiment. Parce qu’en fait c’est vrai que je prends le temps d’observer beaucoup et c’est vrai que je prends le temps d’analyser comment quelque chose fonctionne ou c’est quoi son état d’esprit là-dessus ? Par exemple, je peux juste aller à Châtelet, m’asseoir et observer les gens. Et ça aussi ça peut m’inspirer aussi dans la vie de tous les jours. Quand je dis « m’inspirer », c’est-à-dire que, quand je vois quelque chose qui me paraît à mes yeux, pas très correct, je vais me dire « Ah ! Ok, si j’arrive dans une situation où je serai aussi capable d’agir comme ça, il faudrait que je fasse attention. » ou bien des choses positives, je me dis « Ah oui je devrais prendre exemple là dessus. » La sagesse aussi m’inspire beaucoup. Le fait d’être calme dans des situations assez stressantes parce qu’on est des êtres humains, il y a beaucoup de choses qui nous stressent et il y a beaucoup de malheurs ou de mal-êtres Mais, essayer de voir les choses différemment, ça aussi c’est quelque chose qui me parle énormément. Le dessin, je dessine beaucoup. En fait tout l’aspect créatif m’inspire aussi. Je me souviens on marchait quand on était gosses et je disais à Loïck « T’as vu cette perspective ? » Lui il me regardait « Mais de quoi tu parles ? » – « Mais regarde les perspectives avec les bâtiments ! » Et ça c’est des trucs qui m’inspiraient de ouf. Même les nuages, frère, quand on regarde les nuages. Ha, Loïck on n’a pas dit ça : la galaxie nous inspire. – La galaxie, j’avoue la galaxie. La galaxie c’est vraiment un truc qui nous inspire vraiment. – L’infini. Incroyable. – C’est un truc qui…
En fait, bref, moi, je suis assez fasciné par beaucoup de choses et au niveau de la danse il n’y a pas une personne, en soi, qui m’inspire. C’est vraiment ce que je recherche déjà qui va m’inspirer. C’est-à-dire que si, je vais prendre un Rubix. Si par exemple je cherche dans ma danse un lâcher prise, une folie, je vais prendre exemple sur un Rubix. Je vais prendre exemple sur un Joris. Parce que ces des gars qui s’occupent pas trop de l’esthétique de leurs danses et ils s’en foutent, ils sont là en mode « j’assume ». Ça, ça va m’inspirer. Et si j’ai envie de faire du sol, je vais m’inspirer de Fabbreezy, Dedson, je vais regarder un peu ce qu’ils font au sol, je vais m’inspirer de ça. Si j’ai envie de voir quelqu’un qui groove, mais qui rebondit, qui flotte, je vais m’inspirer de Majid. Woaw, Majid, terrible ! Même des danseurs que je connais pas, des danseurs qui sont pas forcément connus, je vais regarder leur manière de faire, de danser et si je vois des trucs qui me parlent, ça va m’inspirer. Par exemple, quand je vois un Spider, lui il est très, très, très, très fort dans sa danse. C’est-à-dire que ça tremble. Quand il danse on dirait que la terre tremble. Ça aussi ça va m’inspirer au niveau de la puissance de la danse, tu vois. Ou bien, à l’état inverse – Big up Spider ! – À l’état inverse, un Kitoko, qui est, lui, beaucoup plus fluide dans sa danse, beaucoup plus grand, ça va m’inspirer. Et même des choses qui me parlent pas forcément, c’est-à-dire que je peux ne pas forcément aimer ce style là, mais je vais aimer comment la personne l’assume. Et en fait c’est ça qui va m’inspirer, donc, voilà.
20 minutes d’interview ! – 45 minutes ! Non je rigole. – 30 minutes d’interview, 1 heure ! Hé ! Ho ! Laisse moi parler, t’as parlé beaucoup aussi hein frère. – Ok, vas-y ! –
Un rituel secret ?
On a un rituel secret. On a une préparation mentale, préparation physique, spirituelle parce qu’on prie beaucoup aussi. Beaucoup de prières, beaucoup de respirations, on se regarde droit dans les yeux, À chaque fois, 10 minutes avant de monter sur scène, vraiment avant de se lâcher la dernière chose qu’on fait en général c’est qu’on se regarde dans les yeux fixement et on se projette Le but c’est de se regarder à travers le regard de l’autre.
Vous ressentez quoi quand vous dansez ?
Ça dépend du contexte, ça dépend du bail, chorégraphiquement parlant de base avant de rentrer sur scène il faut que je m’imprègne de ouf du personnage que je veux jouer sur scène, peu importe la pièce que je fais. Si je dois ressentir de la tristesse, je ressentirais de la tristesse, si je dois ressentir de la joie, je la ressentirai de ouf. Donc ça c’est un jeu d’acteur, c’est là que tu vois les danseurs sont des acteurs aussi. Sinon freestylement parlant, je suis libre. Quand je passe toute une journée à travailler, une chorégraphie, j’ai besoin après, même si je suis K.O. mentalement, j’ai besoin après d’être free, de danser juste comme ça. Quand je suis en battle, je peux aussi bien ressentir de la pression, mais de la bonne pression. Mais comme aussi de la mauvaise pression, ça s’est déjà produit aussi. Mais ça c’est quelque chose qu’au final avec le temps, avec l’expérience, avec le travail mental, ça s’arrange, il n’y a pas de problème. On va passer qu’à de la bonne pression, la bonne pression sera toujours là de toute façon. Il y a trop de choses qui rentrent en compte, mon état émotionnel, l’ambiance, le monde… Si on est dans une phase d’entraînement, on va ressentir de la détermination, de la motivation à acquérir un certain mouvement ou de se dire « bon, il faut qu’on arrive à bien faire ça ». Si je suis à la maison à la fin d’une semaine, je mets une bonne musique jazz, je me mets à danser, c’est de la gratitude que j’ai, c’est de la reconnaissance. En fait, ce qui est bien au final, c’est qu’on ressent tout. C’est-à-dire qu’on danse tout le temps au final. Ouais on ressent tout. Même quand je mange un repas qui est trop bon, je me dis « oh c’est trop bon ! » et on va zouker.
Mais en tout cas, même sur scène je suis grave… En fait, sur scène quand je suis dedans je me sens trop bien. Je me dis « Woaw ! C’est bon, je suis dedans. » En battle c’est la même chose, quand je suis dedans, je me mets à rire, je me mets à rigoler, je me mets même à… En fait quand on voit que je suis dedans à un battle, c’est quand je me mets à parler. Et ça, je pense que c’est le cas pour tous les danseurs. Quand il commence à parler dans un battle ou quand il danse, c’est que le gars il fait qu’un en fait, dans sa danse. Et je trouve que c’est beau, de la même manière aussi que tu peux ressentir des choses négatives. Du stress, un blocage, beaucoup de choses en fait. Et comme on l’a dit on vit la danse et c’est ça qui est beau.
Des projets sur le feu ?
Dans le milieu scénique, déjà, il y a deux choses. Il y a le milieu de création et le milieu du show. Donc on est déjà dans les deux. Après, on est dans les battles freestyle, dans les workshops on donne des cours aussi, ateliers. On fait des concours aussi, workshops, tout ça. On est dans la mode aussi. En fait, le but c’est d’être partout et d’accéder partout. D’être polyvalents. Parce qu’on aime ça en fait, tout simplement parce qu’on kiffe ça. On donne autant à porter que danser sur scène. On aime autant chorégraphiquer qu’être interprète. On aime autant… – J’aime plus chorégraphier que… – T’es pas interprète de ta danse toi ? – Ouais de MA danse. – Voilà. Donc t’es interprète. – Ok d’accord, c’est bon. Et on aime aussi la mode, on aime les habits. Du coup, ça fait que si on assemble tout, pour moi c’est une continuité. Et l’actualité pour moi qu’aller dans ce sens, mais encore plus haut quoi. – Toujours évoluer. Comme l’univers. Il n’y a pas de limite. Il n’y a pas de limite et on laisse l’univers nous surprendre.
À l’heure actuelle, c’est la tournée de notre création. Notre création qui s’appelle « Flux sanguins, le pouvoir de la fraternité ». On a été co-produits et accompagnés par La Place, l’auditorium du Seynod et Pôle en Scène. On a 45 minutes là dessus. On a fait une première à La Place de 18 juin 2022 qui s’est super bien passée. C’était top vraiment, c’était incroyable, magnifique. Ça s’est fait à La Place. Du coup ça parle un peu de notre jumellité. ça parle de notre fraternité, de nos caractères différents… Faut venir voir !
Une anecdote WTF ?
On avait dansé pour un événement il y avait l’émir de Dubaï qui était là. Déjà c’est hyper impressionnant. Le mec il arrive sur scène. Déjà avant d’arriver, trente minutes avant qu’il arrive, la police évacue tout, c’est impressionnant ils regardent dans tous les recoins si il n’y a pas de magouille, si il n’y a pas de bombe, bref. C’est vraiment street de ouf. Vraiment, c’est impressionnant. Le mec il rentre après tout le monde. Donc tout le monde rentre, lui il rentre en dernier. Il avait une exigence. C’est qu’il y avait des écrans et derrière l’écran je crois qu’il y avait quelque chose qui était écrit. Et pour une lettre, il n’avait pas apprécié la lettre. Il avait dit « Ça faut le changer. » Sauf que ce qu’il sait pas, c’est qu’il y a toute une programmation dernière. Et nous on on avait une chorégraphie de trois minutes, une performance de 3 à 4 minutes à faire avec toute une animation… une animation sur l’écran derrière, c’était synchronisé avec. Le mec arrive, il demande de faire une modification on va dire, dix minutes avant qu’on danse. Mais les mecs ils sont… La tête elle chauffe ! Et la programmation elle leur avait pris plus d’une semaine tu vois. – Ouais ça fait plus d’une semaine que les mecs sont dedans. Ils sont obligés de faire donc ils essaient de magouiller le bail, de respecter le bail, mais il s’est passé quoi ? Voilà, le bail il a sauté. Ils ont tout supprimé sans faire exprès, donc dix minutes avant notre show on nous dit « Les gars, je suis désolé vous pouvez plus passer parce que derrière, l’écran, on peut plus rien afficher ». Donc tous les trucs qu’ils avaient fait derrière, toute l’animation qui était hyper belle… Je peux te dire que ça les a fait vraiment chier, plus eux que nous au final, même si nous ça nous a fait chier. Mais au final, tout ce qu’ils avaient fait derrière à l’écran, ça animait déjà tous les spectacles. Tout le show. C’était pas que pour nous et tout était foiré donc ça, relou de ouf.
Du coup on était à Dubaï, tout était… On a fait cinq jours là -bas et le jour de la prestation, dix minutes avant mais vraiment 10 minutes avant, on était déjà chauds, prêts à passer « Ouais les gars, je suis désolé c’est mort.
Un mot pour la fin ?
Faites le meilleur de vous mêmes à chaque fois, peu importe… – Tu sais ! – Attends laisse moi finir ! – Non mais vas-y finis mais ça va dans la continuité de ce que tu vas dire. – Ouais mais je finis, parce que là c’était magique là. – Vas-y finis, dis-le. Ok, peu importe ce que tu fais dans la vie, comme ma grand-mère me disait, que tu sois éboueur, plombier, architecte, peu importe. Peu importe ce que tu fais, sois le meilleur de toi même. Et c’est avec ce mindset qu’on a grandit et c’est bête, c’est vrai qu »à chaque interview, à chaque fois on voit les gens qui disent la même chose. Mais en vérité c’est tellement important de le dire et c’est vrai, faites le meilleur de vous mêmes les frères. Ayez confiance en vous. Tout est dans la tête au final. Tu peux t’entraîner tant que tu veux mais si mentalement t’es pas prêt à envoyer du steak, on va dire, ou même que t’es pas prêt même à montrer ce que t’as fait dans ton training, c’est là que tu vas te dire que tu seras jamais prêt. Mais mentalement il faut que tu sois persuadé que t’es capable de le faire. Et j’ai même envie de te dire que si tu n’as pas confiance en toi, ait au moins confiance en la personne qui crois en toi. Il y a toujours une personne qui crois en toi donc si tu crois pas en toi au moins crois en cette personne. Forcément, après tu croiras en toi parce que cette personne crois en toi. Voilà c’est tout pour moi. On est tous des guerriers, même depuis gamin on passe de quatre pattes à deux pattes. Mais blague à part, c’est vrai. Même les bébés se battent pour se lever. Tu vas voir un bébé qui marche, en vrai comment il est en train de se battre pour marcher. Et il ne le fait pas juste pendant une journée, pendant toute une semaine il essaye. Et quand il arrive à marcher, il se rappelle même pas qu’il arrivait pas à marcher avant. Quand je te dis l’évolution, incroyable. – Terrible. –
J’ai plus rien à dire. Et j’ai pas d’enfant.