Dans le cadre de notre série de portraits dansés, nous sommes allés à la rencontre de Jimmy Médina, plus connu sous le nom de Milliard. Figure incontournable de la danse électro parisienne, il nous a accueillis dans le cadre spectaculaire du hangar Liveo à Nanterre, un ancien site industriel reconverti en espace de création artistique.
Une performance électrisante
Sur un son de Nikit, Milliard a fait vibrer les murs bruts du hangar, transformant cet espace industriel en terrain d’expression. Sa danse, caractéristique du style électro avec ses mouvements de bras précis et ses groove signatures, dialogue parfaitement avec l’esthétique singulière du lieu.
Un pionnier engagé
Depuis 2006, Jimmy Médina fait partie de la première génération de danseurs électro parisiens. Triple champion du monde en équipe et champion du monde en solo, il est aujourd’hui une figure majeure de cette discipline. Au-delà de ses performances, il s’engage pour la transmission en tant qu’organisateur de la Coupe du Monde LRC et formateur à travers sa « Formation Capsule ».
Rencontre avec Jimmy « Milliard » Médina
À travers cet entretien, Milliard partage sa vision d’une danse en constante évolution. De la French Touch des débuts aux battles actuels, il retrace l’histoire d’un mouvement né dans les clubs parisiens qui a su conquérir les scènes du monde entier. Son message est clair : la danse électro est un espace d’expression ouvert à tous, où chacun est accueilli tel qu’il est.
« Peu importe comment tu es. Peu importe comment tu es habillé, peu importe ta couleur, peu importe ton sexe. Tu es le bienvenu et tu seras accueilli tel que tu es sans changer quoi que ce soit. Justement, ce sera ta force. Voilà ce que j’ai à dire. »
Découvrez l’interview de Milliard
Je m’appelle Jimmy Médina. Mon nom de scène, c’est Milliard. 35 ans. Je danse electro depuis maintenant 2006. Depuis 2006, je fais partie de la première génération de la première vague de danseurs électro qui est apparue à Paris et dans le monde entier parce que le berceau est parisien de la danse électro. Maintenant, je suis devenu l’organisateur de la Coupe du monde de la dance électro qui s’appelle LRC et formateur, formateur de la formation capsule aussi autour de la danse électro.
Comment t’es-tu retrouvé dans la danse électro ?
Je me suis retrouvé dans la danse électro via les soirées, vers quatorze quinze ans, je faisais un peu de breakdance, etc. Donc je kiffais ça. Très vite après, je me suis dirigé vers les sports de combat et vers mes 17 ans, j’ai commencé à sortir. Et en fait à cette époque là, c’est toute la vague French touch parisienne qui est à la mode. Et du coup, quand je me mets à sortir, c’est vraiment, c’est vraiment ça qui est autour des soirées. Et donc du coup, je me prête au jeu parce qu’en plus de la musique, il y a tout un univers vestimentaire, tout un truc qui qui me parle, je me prête au jeu et nous voici maintenant en 2024 et je suis toujours là, en train de danser électro.
Peux-tu nous partage l’histoire de la musique électro ?
Je vais parler un petit peu de la musique électro. Voilà, donc il y a eu plusieurs vagues, plusieurs tendances. Donc je vais t’en citer quelques unes : au début il y avait vraiment cette touche électro, la French touch, etc. Avec tous les Joachim Garraud, David Guetta, Bob Sinclar et j’en passe. C’est des sons sur lesquels on a commencé à danser, donc c’était vraiment très clubbing.
Il y avait des DJ très connus à l’époque qui s’appelaient DJ Paulette. Je peux en citer un autre : DJ RVB, des supers soirées, des supers soirées un peu partout dans Paris qui étaient électro. Et très vite, à partir de 2009, il y a eu une petite descente de la danse électro. Donc du coup, en fait, nous on s’est mis à écouter des sons vraiment un peu plus battle qui tabassent un peu plus. Donc là t’as vraiment des sons un peu plus comme Fast Food, Cool Project.
Voilà, t’as vraiment cette énergie un peu plus pêchue parce que justement notre communauté ne survit qu’à travers les battles. À ce moment là, on a vraiment commencé à danser sur des sons, un peu plus pêchus, jusqu’à arriver à un style de sons qui s’appelle le Complexe True. C’est vraiment des sons assez péchus qui dérivent un peu avec le dubstep.
On a dansé très longtemps sur ce type de sons et là je suis très content parce qu’on a vraiment cette touche un peu, une touche un peu techno qui revient. Et cet univers un peu clubbing qui se mélange. Du coup, ça crée de l’ancien avec du nouveau qui revient. Donc dédicace par exemple à M. Lazy Flow qui nous a fait un super son et à son clip qui va sortir et vous pourrez voir ça. Et des supers artistes qui commencent à revenir avec une petite touche de 2006-2007 mais au goût du jour. Donc franchement c’est super intéressant. Et vive la danse électro, Vive la musique électro qui est super variée et super riche, il y en a vraiment pour tout le monde.
Quelles sont tes inspirations ?
Ce qui m’inspire dans la danse, c’est vraiment tout ce qui m’entoure. Ça peut être quand je joue avec mon fils, sa façon de bouger à lui, même petit, sa façon de bouger. Il a que deux ans donc même sa façon de bouger, ça peut m’inspirer, ça peut être une gestuelle dans le métro, toutes les danses aussi, toutes les danses traditionnelles comme classiques, ça peut être un mouvement, toute une séquence. Qu’est-ce qui m’inspire aussi ? Les mangas, les films, les mangas m’inspirent particulièrement.
Comment la musique t’inspire-t-elle ?
C’est vrai que j’aime pas arriver avec les choses toutes faites. J’aime bien arriver, laisser l’endroit, les gens que je vais rencontrer à ce moment là, m’inspirer quelque chose. Je ne sais pas. Quand je suis arrivé aujourd’hui, je vous ai beaucoup posé de questions sur mes habits. J’aime bien qu’il y ait une sorte de synergie qui se crée même comme en soirée.
C’est vrai que je ne vais pas danser, je ne vais pas performer, je vais jamais performer. C’est vraiment, quand je viens en soirée, je vais vraiment faire la fête et ce petit côté là m’inspire énormément dans ma danse. Surtout que nous, notre danse électro, c’est une danse clubbing. C’est une danse clubbing donc c’est super intéressant pour nous justement d’avoir des petites gestuelles qui sortent, qui sortent de la performance en fait, parce que c’est vraiment l’essence de notre danse.
Donc en fait, c’est vrai que quand je danse, je mets des petits gestes, Je me touche le visage ! Des petits trucs, des petits regards simples. Là c’est vrai que ça, ça change énormément et j’adore avoir ce moment où je sens que justement je suis en total accord avec la musique et j’arrive à me donner des frissons.
Je ne sais pas si t’as vu aujourd’hui il y a la première partie où j’étais, on apprenait à se placer, on apprenait le chemin et à la fin de la journée, à la fin de la fin du tournage, on commençait, Je commençais à dire des bruits, je commençais à chanter limite la musique et là, je me sentais vraiment en accord.
Je pense qu’il y a une première étape où je me dis que j’ai envie d’être dans cet état là. Et après il y a ce truc où je vais le chercher, je vais le chercher et j’essaye d’être en total accord avec la musique. Des fois ça fonctionne pas, donc je peux être capable, en plein milieu de dire ‘je suis désolé, on peut changer le son, ça ne m’inspire pas.’ Donc je me laisse vraiment porter. Je trouve que c’est super important.
Quels sont tes projets en cours ou à venir ?
Oui, j’ai des projets. Le 14 décembre, nous organisons avec tout le staff LRC la Coupe du Monde de la danse Electro : 14 décembre au Théâtre National, Chaillot. Donc j’espère qu’il y aura beaucoup de monde. L’année dernière, c’était les dix ans, c’était le feu, c’était le feu. J’espère que cette année Moovance vous êtes avec nous ! J’espère que vous serez avec nous. À la rentrée, formation capsule la troisième édition. La troisième année, vous pouvez vous inscrire tout simplement avec Instagram. La formation capsule, ça sera écrit ici ou ici aussi, ou dans le lien.
Quelle est l’histoire de la danse électro ?
La danse électro est une danse basée sur les bras, mais pas que. C’est une danse vraiment basée aussi sur les groove et les rebonds. Souvent, souvent, des qu’on voit la danse électro, on voit une danse très visuelle avec des bras, mais ça part de quelque chose, ça part d’un sentiment, ça part d’une idée, ça part d’une expression.
Donc en fait, j’ai envie de dire, si vous vous intéressez à la danse électro, intéressez vous de manière plus approfondie. Voilà. Vous allez comprendre qu’en fait, il y a toute une énergie derrière ça. C’est ce qui rend selon moi la chose intéressante.
Nous, on est une danse, on a à peu près plus ou moins 15 ans d’existence. Avant, elle a été sur scène par la chorégraphe Blanca Li et donc, c’était déjà super. Mais là, il y a des chorégraphes qui sont danseurs électro et ils créent leur propre spectacle. Là, pour moi, c’est un autre step.
Donc dédicace à Mazelfreten (porté par Laura Nala et Brandon Miel) parce que c’est eux en ce moment qui font le tour du monde. Ils sont en Allemagne, aux États-Unis, partout en France. Donc big big up pour leur travail parce que c’est super. C’est une plus value énorme pour notre communauté.
Il y a aussi des petits collectifs. Il y a Cerizz avec la compagnie Wild qui mélange toute son expérience contemporaine et son expérience électro, qui a fait un super travail. Il y a une jeune qui s’appelle Tianée avec sa compagnie Kali Kila, peut-être à l’inverse. Peut être que je l’ai mal dit, je suis désolé Tianée si je l’ai mal dit, mais en tout cas elle fait un super travail.
Il y en a plein d’autres qui commencent à monter des petites structures. Donc c’est vrai que pour moi c’est super important que notre danse soit sur tous les fronts. C’est à dire que là pendant très longtemps, on s’est focalisé sur l’aspect battles, c’est cool, mais pour moi ça ne suffit pas, si on veut que vraiment notre danse survive et que ça soit apprécié partout, faut que ça soit dans les visuels, dans les spectacles, les shows, sur scène et bien sûr toute la partie underground qui est très importante pour la survie de la danse.
Des envies de scène ?
Justement, oui ! Ça me donne grave envie de faire de la scène. Là, maintenant, 35 ans, je pense avoir fait le tour. Triple champion du monde en équipe, une fois champion du monde en solo. Ça y est, j’ai fait le tour, j’ai fait le tour et même il y a toute une nouvelle, une nouvelle génération qui arrive, et qui commence à tout déchirer dans les battles. Je pense que c’est à eux de montrer leurs capacités.
Et de plus, ça fait deux ans que j’ai créé une formation et je suis amené à faire des petits show de cinq-six minutes et dix minutes et c’est vrai que ça va donner une envie, une flamme. J’ai envie vraiment de créer quelque chose. J’ai vraiment envie de créer un univers. Je sens que j’ai besoin de m’exprimer, j’ai besoin de m’exprimer autre que par le freestyle. Maintenant, c’est vrai…
Un mot pour la fin ?
Pour moi, on n’a vraiment qu’une seule chose à dire c’est ‘On est une danse super ouverte.’ On a connu une période où justement, à travers nos looks, on a été très critiqués, on a été très critiqués, on a été montrés du doigt alors que pour moi, justement, c’est une fierté de justement avoir appartenu à cette époque où pour nous on a dévergondé Paris.
Voilà, maintenant je pense que sans cette période où on commence à s’habiller un peu plus osé et je suis super fier de pouvoir dire que notre danse accueille tout le monde, peu importe comment tu es. Peu importe comment tu es habillé, peu importe ta couleur, peu importe ton sexe, tu es le bienvenu et tu seras accueilli tel que tu es, sans changer quoi que ce soit. Justement, ce sera ta force. Voilà ce que j’ai à dire.